Prise de position du Parti Suisse du Travail – Parti Ouvrier et Populaire (PST-POP) sur la nouvelle loi CO2 –Pour une écologie populaire
Le POP-PST est critique concernant la loi sur le CO2 acceptée le 25 septembre par les chambres fédérales. C’est pourquoi nous soutenons l’appel des militants de la grève du climat pour la récolte de signatures d’un référendum.
Nous pensons qu’il est important d’avoir une loi pour lutter contre le dérèglement climatique, mais pas au rabais. Cette loi ne vise pas un réel changement fort pour s’attaquer en profondeur à l’urgence climatique. Le parlement ne propose rien d’autre qu’une écologie punitive sur la base d’une vision libérale, basée sur la responsabilité individuelle et les taxes antisociales. Nous nous opposons à cette forme d’écologie qui ne va pénaliser que les classes populaires et les travailleurs, sans s’attaquer aux réels pollueurs à savoir les multinationales, le système économique et le mode de vie des plus riches.
Notre parti s’oppose à cette nouvelle loi pour les raisons suivantes :
- Cette loi ne va pas assez loin. Si la Suisse voulait vraiment s’attaquer aux gros pollueurs et donc limiter substantiellement leurs impacts sur notre climat, il aurait fallu s’attaquer de manière contraignante aux milieux financiers, aux banques, au monde économique, aux multinationales et au mode de vie des plus riches de ce pays. Hélas ce n’est pas le cas! Rappelons que :La place financière Suisse pollue à elle seule 22 fois plus que toute la population suisse1 ; Les plus riches polluent 2000 fois plus que les plus pauvres2.
- La nouvelle loi CO2 veut taxer les billets d’avions, l’essence domestique, ainsi que le mazout. Ces taxes ne représentent pas un bon incitatif, cela va augmenter la charge financière pour les classes populaires et les travailleurs déjà durement touchés par la crise économique actuelle, pour au final une baisse d’émission de gaz à effet de serre plus qu’incertaine. Taxer plus l’essence pour diminuer le nombre de véhicules individuels polluants, va aussi créer des inégalités sociales et économiques pour les personnes vivant dans des régions rurales ainsi que pour les catégories de personnes citées plus haut, qui n’ont pas d’autres choix que d’utiliser leur voiture pour se rendre à leur travail. Le développement du réseau des transports publics dans toutes les régions, y compris rurales, devient urgent pour être une véritable alternative à la voiture, ainsi que l’introduction de la gratuité des transports en commun.
- Une taxe sur les billets d’avions n’est pas non plus un incitatif suffisant, elle pénalisera les plus précaires, notamment ceux qui veulent rendre visite à leur famille à l’étranger, alors que les plus riches auront tout loisir de continuer à voyager sans trop se soucier de ces taxes.
- La nouvelle loi sur le CO2permet au parlement et au gouvernement de nous faire croire qu’ils souhaitent s’attaquer de manière structurelle à la crise climatique pour ainsi mettre un terme à tout débat sur ce sujet, alors que les mesures proposées ne nous permettent pas de penser que la limitation de 1,5° voulue par les accords de Paris et ratifiée par la Suisse, puissent être atteint. Rappelons qu’en vertu du droit international, la Suisse est dans l’obligation de mettre tout en œuvre pour atteindre l’objectif de 1,5°.
- Enfin, l’argent des nouvelles taxes sera redistribué afin d’alimenter d’une part un fonds pour le climat et de l’autre un fonds de solidarité proposant un allégement sur les factures d’assurance maladie de base et sur les cotisations AVS pour les entreprises. Nous pensons que grâce à ce mécanisme de compensations, ceux qui veulent continuer à polluer sans faire d’efforts écologiques, pourront le faire l’esprit tranquille en se déchargeant de leur responsabilité car les taxes qu’ils payeront en conséquence seront reversées dans ce fonds pour le climat. D’une autre part, vu l’augmentation des taxes sur l’essence et le mazout, les 87 francs3 que les citoyens gagneront en 2021 grâce à l’allégement des primes maladie seront caducs puisque ceux-ci seront largement dépensés via ces nouvelles taxes. Enfin, il est évident que les primes d’assurance maladie sont trop coûteuses pour beaucoup de citoyens. Mais une diminution de celles-ci doit se réaliser en forçant les assurances à baisser leurs primes prohibitives, en diminuant leurs réserves scandaleusement gonflées bien au-delà de ce que la loi prévoit, ou en créant une caisse unique ; mais en aucun cas cette mesure ne devrait être liée à ce paquet écologique dans le but de nous passer la pommade afin que cette loi soit plus « acceptable. » RFFA avait lié 2 objets qui n’avaient rien à voir entre eux, ce que nous avions déjà dénoncé.
Notre vision de l’écologie:
Nous défendons une écologie populaire visant la solidarité, cela doit donc introduire la notion de lutte des classes pour ainsi faire payer les véritables destructeurs de notre planète. C’est pour cela que nous nous engageons à la mise en place des différentes propositions ci-dessous pour sauver notre planète de la crise climatique.
- Mettre en application des plans climat contraignants pour les véritables pollueurs
- Nationaliser les entreprises énergétiques privées
- Inscrire la règle verte comme principe constitutionnel absolu (illégalité de prendre à la nature davantage que ce qu’elle peut renouveler)
- Introduire la gratuité des transports publics
- Réduire drastiquement l’utilisation des pesticides et interdire immédiatement le glyphosate
- des contrôles accrus et sanctions contre la pollution industrielle qui porte atteinte à l’environnement
- le désinvestissement des fonds publics (notamment caisses de pension) des énergies fossiles
- Interdire aux entreprises suisses d’investir dans les énergies fossiles
- Reconnaitre et faire entrer dans le Code pénal le terme écocide (crime qui porte des atteintes graves à l’environnement)
- Interdire la spéculation sur les matières premières